mardi 27 mars 2007

Losheng


Je copie ici un mail que j'ai reçu récemment à propos d'un lieu à Taiwan: Losheng.

Bonjour à tous,

je ne suis pas un adepte des mails politiques, mais je me permets de vous embêter trente secondes pour vous informer d'une situation préoccupante.

LoSheng est un sanatorium à proximité de Taipei, où depuis plus de cinquante ans vivent les malades de la lèpre de Taiwan. Pour la plupart des résidents, ils ont habité presque toute leur vie sur ce petit bout de colline qu'ils ont su rendre plus "humain", et ce malgré leur isolation de la société et le mépris indifférent des pouvoirs publics.

Pour des raisons d'aménagement urbain (construction d'une nouvelle ligne de métro), les autorités taiwanaises ont décidé de raser ce sanatorium. Le projet urbain initialement adopté, qui conservait 90% du site, a soudainement été remplacé, et les habitants de LoSheng ont été prévenus il y a seulement deux semaines, sans consultation préalable, que les travaux de démolition commenceraient le 16 avril. Il y a certes un projet de relogement pour ces lépreux, mais cette "solution" est absolument inacceptable pour des personnes handicapées, âgées pour la plupart (la lèpre étant, heureusement, une maladie qui ne se propage plus à Taiwan), et qui n'ont aucun repère dans le monde à part ce petit bout de colline qui constitue l'unique horizon de leur existence.

Les changements brutaux dans les plans d'urbanisme, ainsi que l'absence totale de discussions ou de débats témoigne du manque totale de considération de la part du gouvernement taïwanais envers ces personnes malades et handicapées. Cette situation est inacceptable et seule une mobilisation de tous peut encore faire obstacle au fatal enchaînement des évènements.

Vous allez me dire : c'est bien beau tout ça mais qu'est-ce qu'on peut faire ?

1/ Tout d'abord, si vous le souhaitez, vous pouvez vous informer et vérifier par vous-même que je ne vous roule pas dans la farine. Il existe de nombreux sites internet qui expliquent la situation du sanatorium de LoSheng, en voici deux :
en anglais http://www.pcschool.idv.tw/savelosheng/
et en français http://lepatrimoinelosheng.blogspot.com/

2/ Ensuite, si vous souhaitez agir, vous pouvez vous rendre sur ce site : http://www.pcschool.idv.tw/loshengunity/
Il s'agit d'une forme de pétition photographique internationale : vous imprimez l'une des deux affiches de défense de Losheng (je les ai rajoutées en pièce jointe), et vous vous prenez en photo avec. Ensuite, vous envoyez la photo à l'adresse suivante : anarchistem@gmail.com

(ne vous inquiétez pas, il ne s'agit pas d'une pétition de soutien aux anarchistes taiwanais mais bien à des personnes âgées, malades, et totalement méprisées par les pouvoirs publics).

3/ Enfin, et surtout devrais-je dire, vous pouvez faire circuler l'information autour de vous. Rien ne vous interdit d'arrêter les passants dans la rue, de leur expliquer la situation à LoSheng et de les prendre en photo avec une petite affichette... Rien ne vous interdit non plus d'avertir les médias, les pouvoirs publics, ou les associations de sauvegarde des droits de l'homme... Mais si vous êtes un peu flemmard, ou bien pressé, vous pouvez tout simplement faire circuler ce mail autour de vous, ce qui est un moyen extrêmement simple et rapide de faire une bonne action. Nous tentons de réunir 10000 photos avant de soumettre la pétition aux pouvoirs publics. On en est, aujourd'hui 22 mars, à mille et quelques...


Merci de votre aide.
Benoît Bouquin

Liens
http://www.pcschool.idv.tw/savelosheng/ (anglais)
http://lepatrimoinelosheng.blogspot.com/ (français)
La lèpre dans la tradition bouddhiste
d'Elise Anne deVido (en anglais)

mardi 20 mars 2007

Menu chinois pour une maman chinoise


Aujourd’hui, je compose un message spécial pour ma mère, pour l’aider à naviguer sur le site de eRenlai en chinois. Il va de soi que vous êtes également tous invités à cliquer ! Pourquoi pas aussi faire un tour sur la version chinoise de eRenlai…

Maman, laisse-moi d’abord te dire que je suis très touchée par tes efforts : quelle agréable surprise d’apprendre que non seulement tu lis mon blog en français, et qu’en plus, tu visites aussi le site pour lequel je travaille maintenant… Après m’avoir nourrie à la becquée pendant vingt ans, c’est à moi de te concocter des petits plats : voilà de la nourriture pour tes beaux yeux… En entrée, je te propose une petite virée en Italie,
Tu connais bien les « fourmis qui montent aux arbres », et bien nous allons faire de même et d’abord remonter la botte, du Sud de l’Italie vers le Nord
En plat de résistance, il te faudra mordre dans la Déclaration du Droit au Développement Durable !
Enfin, en dessert, je te propose une balade digestive sur l’air des « Iles vagabondes » de Wang Li…

J’espère que le menu du jour t’aura plu, chère Maman… (Ton gratin d’épinards me manque beaucoup !)

Suggestions du Jour pour un Menu en chinois
Purple 的 我的餐桌在南義北義的美味人生
李禮君的永續發展宣言
王麗的飄泊之歌

mercredi 14 mars 2007

Mon père m'a raconté...



Quand j’étais petite, mon père me racontait beaucoup d’histoires sur son enfance et sa jeunesse en Asie du Sud-Est et plus particulièrement au Cambodge. Mon père en effet est un « huaqiao 華僑 », c’est-à-dire un chinois né au Cambodge. Tous ses souvenirs d’enfance, souvent un peu déformés par le filtre du temps, ont contribué par leur exotisme à créer un Cambodge imaginaire que j’ai redécouvert quand je m’y suis rendue pour la première fois il y a cinq ans…


Je ne vais pas faire le récit ici de mon voyage, cela sera (peut-être) l’objet d’un autre billet sur le blog ; en fait, l’article d’aujourd’hui se place dans la continuité de l’article précédent sur ces propos entendus dans mon enfance qui ressurgissent au hasard d’une conversation ou, comme c’est le cas ici, d’une lecture.


Mais connaissez-vous d’abord le Tonlé Sap ? Ce fleuve unique au monde a la particularité de couler dans les deux sens : vers l’aval pendant six mois puis l’autre moitié de l’année vers l’amont !


« Le Tonlé Sap (ce qui signifie en khmer « grande rivière d'eau douce », mais qu'on traduit plus fréquemment par « grand lac ») est un système hydrologique combinant lac et rivière, d'une importance capitale pour le Cambodge. Le lac est le plus grand lac d'eau douce d'Asie du Sud-Est et un site de première importance du point de vue écologique, reconnu en tant que biosphère UNESCO en 1997. Il se situe non loin du site historique d'Angkor Vat. La rivière relie le lac au Mékong, fleuve qu'elle rejoint à Phnom Penh, la capitale du pays. » (Présentation empruntée à Wikipédia)


L’importance du Tonle Sap est aussi économique car il s’agit (s’agissait) du lac le plus poissonneux du monde : mon père me racontait ainsi que lorsqu’il était petit, il y avait tellement de poissons qu’on n’avait pas besoin d’appât pour pêcher, il suffisait de plonger l’hameçon dans l’eau pour ramener une proie de la taille d’un bras (de petit garçon je suppose…).


L’article Downstream Countries de Moeun Nhean porte sur la baisse du niveau de l’eau dans le Mékong et le Tonle Sap et sur les conséquences que cela engendre pour ceux qui vivent de ces eaux. Les pays touchés par la décrue sont essentiellement le Vietnam et le Cambodge situés en aval (« downstream » en anglais). On parle assez peu de ce sujet en général, je vous invite ainsi à lire l’article accompagné de très belles photos sur eRenlai.



Suggestions du Jour

Downstream Countries par Moeun Nhean.
Conservation awareness
par Prabha Gautam (Sur le développement durable au Népal)

vendredi 9 mars 2007

Mon père a dit....


Enfant, j’aimais me glisser auprès des adultes et écouter leurs conversations. Cela me fascinait, la manière dont certains s’emportaient ou s’exprimaient sur des sujets dont je ne comprenais pas vraiment l’ampleur mais qui me paraissaient tout de même importants car discutés par des adultes. Je me souviens aussi que je prenais tout pour comptant : lorsque l’on est enfant, la vérité sort de la bouche des grands…

Plus tard, j’ai fait moi-même l’expérience de ces conversations à bâtons rompus, où l’on parle de tout et de rien, où l’on développe aussi l’art de parler pour ne rien dire et de parler de ce que l’on ne sait pas (notamment des livres que l’on n’a pas lus1).

Je veux parler ici d’une phrase que j’ai entendue dans la bouche de mon père et qui m’a considérablement marquée car elle me revient parfois à l’esprit. Récemment, nous discutions entre amis des effets du développement économique en Chine et dans le monde : notre point de départ étaient les flashs animations de Sabrina sur l’air, l’eau et les forêts en Chine ainsi qu’un article publié sur Spiegel Online (China's Poison for the Planet 2 Février 2007). Soudain, je me suis souvenue d’avoir entendu un jour mon père dire : « En fait, Mao était un écolo, il a retardé de trente ans le développement économique de la Chine et donc aussi la pollution planétaire que cela engendre… »

Outre le cynisme et le mauvais goût de la plaisanterie, le point de vue reflète aussi l’opinion assez partagée que le développement économique s’accompagne forcément du saccage de la nature (cela ne va sûrement pas rehausser l’éclat de ces propos, mais je me dois d’ajouter que mon père est toujours sobre, c’est d’ailleurs le seul pilier de bar que je connaisse à ne commander que du coca ou du sarsi –le coca chinois-). Depuis l’époque de cette phrase, les mentalités ont changé, les gouvernements aussi. Tout du moins dans les pays qui se sont développés plus tôt. Néanmoins, l’idée d’un développement durable essentiel et non pas seulement accessoire doit continuer à faire son chemin, aussi bien au niveau individuel qu’au niveau national et mondial.

Suggestions du Jour
Climate Change: a Call for World Governance et China's Environmental Challenge
par
Benoit Vermander.

1A ce propos, un psychanalyste, Pierre Bayard, a sorti un livre Comment parler des livres que l’on n’a pas lus, mais je ne peux pas en dire plus…car je ne l’ai pas lu !


lundi 5 mars 2007

La Chine entre 1979 et 1981


Dès que j’ai vu les photos de Yves Nalet sur la Chine entre 1979 et 1981, j’ai immédiatement pensé à mon oncle et à ma tante qui ont vécu en Chine durant exactement la même période ! Ils travaillaient en tant que profs de français dans le centre de langues de l’Université de Tianjin et ils gardent un souvenir inoubliable de cette époque. Je me permets de reproduire ici leur commentaire à propos d’une photo en particulier :

« La photo du parking de bicyclettes nous a rappelé notre première séance au cinéma : on se demandait pourquoi les gens se levaient et sortaient précipitamment avant la fin du film. On a
vite compris…après avoir mis 3 heures à récupérer nos vélos ! »

Selon eux, les photos d’Yves Nalet sont un témoignage d’un temps révolu mais qu’ils ont été contents d’avoir connu.


Suggestions du Jour
China, 1979-1981, photos par Yves Nalet