mardi 27 février 2007

"We" generation!!!



J’adore ma cousine taiwanaise, nous avons le même âge, à quelques mois près, et nous nous entendons bien mais je dois avouer qu’à l’exception de la parenté sanguine, nous n’avons pas grand-chose en commun. En fait, nous nous voyons surtout pour manger et regarder la télévision ensemble. Les premiers mois de mon arrivée à Taiwan, je lui ai bien proposé à plusieurs reprises d’aller voir une expo, de se balader ou d’aller prendre un verre avec des amis ; mais elle a toujours très poliment décliné mes invitations, me répondant que ça ne l’intéresse pas. Même prendre un pot lui semble être le summum de l’ennui… Désespérée, je lui ai demandé ce qu’elle aime faire dans la vie, la réponse a été cinglante : regarder la télévision et voyager. Ne baissant pas les bras, je lui propose alors d’aller au cinéma mais selon elle, cela ne vaut pas la peine, les mêmes films passent à la télé ! Quant aux voyages, elle va régulièrement au Japon, mais je crois que c’est à peu près tout…

Sans parler des sujets politiques, historiques ou même de l’actualité, ma cousine semble afficher un désintérêt profond pour tout ce qui dépasse la sphère du travail et de la famille. De quoi parle-t-elle avec ses amis ? Je l’ignore, en tout cas, quand nous sommes ensemble c’est toujours moi qui pose les questions et j’ai arrêté très vite car je ne suis pas là pour extorquer des aveux.

Je ne veux pas faire mauvaise presse aux jeunes Taiwanais, ma cousine n’est certainement pas représentative de toute la jeunesse de Taiwan. Elle me rappelle néanmoins d’autres taiwanais(es) que j’ai rencontré(es) et qui m’ont paru d’une timidité maladive ainsi que, dans l’ensemble, peu enclins à évoquer des sujets brûlants ou polémiques. Où est passée la « We generation » (génération « Nous ») décrite par le magazine Newsweek l’an dernier ? La « We generation » se compose d’une partie de la jeunesse asiatique active dans la sphère publique : s’investissant dans des actions humanitaires et dans des projets de développement durable par exemple; elle s’oppose ainsi à la « Me generation », caractérisant souvent une partie de la nouvelle jeunesse chinoise sacrifiant tout à la réussite personnelle et à l’argent… Un revirement semble ainsi s’opérer au sein de la jeunesse étudiante notamment !

Suggestions du Jour
Internet and Asia’s “We” generation by Li-chun Lee (June), editor.
Asian Children are bored… by Kailing Wang, editor.
Encounter at Shanghai International University by
Benoit Vermander, chief editor.


vendredi 23 février 2007

“Y’a plus de saisons!”


Et oui pépère, tous les ans c’est à peu près la même rengaine. Il y a quelques années, on attribuait le bouleversement climatique à « El Nino » (sisi, je l’ai entendu plusieurs fois !) et maintenant, à force d’entendre les mêmes remarques météorologiques, devenues des truismes, on ne se soucie même plus de savoir pourquoi il neige en été !

D’ailleurs, Flaubert a aussi épinglé dans son Dictionnaire des idées reçues l’invariabilité de ces propos sur le temps qu’il fait :

« AIR : Toujours se méfier des courants d'air. Invariablement le fond de l'air est en contradiction avec la température ; si elle est chaude, il est froid, et l'inverse. »

De même, je pensais que se plaindre du climat (il fait trop chaud, il fait trop froid, trop gris… trop tout !) était une activité proprement parisienne mais Taipei dont l’hiver est rythmé par la venue des courants froids ou « coldstream » en anglais (寒流han liu en chinois) et l’été par celles des typhons (颱風 taifeng), est également propice au jeu des devinettes météorologiques : « pleuvra ? Pleuvra pas ? Viendra ? Viendra pas ? (en parlant des « coldstream » ainsi que des typhons).

Ce souci universel de connaître le temps qu’il fera est peut-être en fait l’indice le plus saillant de notre rapport à la nature ; habitants des villes et du monde développé en général, nous ne n’observons certes plus tellement les étoiles pour nous diriger dans la nuit ou savoir si le jour suivant sera ensoleillé ou non. En revanche, nous avons encore besoin de prévoir s’il nous faut prendre un parapluie en sortant au cas où…(En fait à Taipei, la question se pose plutôt dans l’autre sens : « est-ce que je peux me passer de parapluie-ombrelle aujourd’hui ? » car s’il ne pleut pas, il fait un soleil de plomb à faire pousser les cheveux à un chauve).

Suggestions du Jour
Benoit Vermander.
Climate Change: a Call for World Governance

Climate Change: The IPCC Experts Report (résumé)
http://www.erenlai.com/index.php?aid=637&lan=3

mercredi 21 février 2007

Taipei


Cela fait presque deux ans que je vis à Taipei. J’aimerais tout d’abord présenter cette ville de façon sommaire, surtout pour mes chers amis qui confondent encore Taiwan et la Thailande ! (Mais enfin, vous n’avez jamais joué avec des GI Joe« Made In Taiwan » !? Il est vrai que ce label tend à être remplacé par « Made in China »…).

Pour aller vite sur les données techniques, je conseille de se référer à l’article « Taiwan » de Wikipédia. Je veux surtout ici vous donner mes impressions personnelles, vues de l’intérieur de la jungle urbaine !

En fait de jungle, Taipei m’a d’abord fait l’effet d’une cuvette verte asphyxiée par le soleil et la fumée des scooters, je ne m’étends pas sur le nombre de deux roues présents dans la ville ; je crois qu’il y a environ deux scooters pour trois habitants (hommes, femmes, enfants, vieillards confondus …). D’ailleurs, ma famille taiwanaise composée de quatre membres totalise déjà à elle seule trois engins ! Taipei est donc une ville où, malgré la densité de la circulation, il faut se déplacer vite, on peut prendre son temps mais en cadence ! Je crois que sur ce point ma famille détient le record : elle consacre une moyenne de 15-20 minutes pour chacun des repas. Ah le rythme de Taipei ! En même temps on s’y fait, et on est aussi parfois bien obligé de ralentir, surtout quand on remonte Roosevelt Road sous un soleil de plomb…

L’autre particularité de Taipei est son aspect un peu provincial : on connaît ses voisins ! Les commerçants du quartier vous saluent (et quelle surprise, ils vous offrent même des bonus comme une botte de coriandre, un peu moisie certes, mais c’est déjà ça…) ; de même, les gens tapent facilement la discute : on fait ainsi facilement des rencontres de toutes sortes, brèves, durables, mémorables…

Suggestions du Jour

Flash animations par Claire Shen, editor.

Rythmic Taipei
http://www.erenlai.com/index.php?aid=303&lan=3

Meeting Taipei
http://www.erenlai.com/index.php?aid=202&lan=3

Année du cochon, année du développement durable !


Lorsqu’ils sont petits, tous les animaux sont mignons. Le petit tigre comme le petit lapin, le petit cochon comme le petit dragon (si quelqu’un a déjà vu un petit dragon)… Plus grands, il faut avouer que certains animaux nous apparaissent plus spontanément attirants que d’autres. Le tigre gagne en majesté, le cheval en élégance, le lapin en vivacité… Le cochon gagne surtout en poids. Quand j’étais enfant en France, dans ma culture comme dans celle de nombreux pays, le cochon était toujours associé à des comparaisons peu flatteuses : « ne mange pas comme un cochon »... « avoir un caractère de cochon »… « sale comme un cochon »… « être gras comme un cochon »…. Le cochon était associé à des plaisanteries d’un goût douteux. On parlait de cochons si gras, dont la peau était tellement bien tendue que lorsqu’ils fermaient les yeux ils émettaient automatiquement un pet...

Et pourtant, toutes les cultures qui apprécient la viande de cochon apprécient aussi les grandes qualités pratiques de l’animal : voilà une bête qui ne gaspille rien, qui recycle tous nos déchets, et qui donne ainsi généreusement une viande bien nourrissante tandis que les hommes ne se montrent guère généreux avec lui. Le cochon devient le symbole de l’épargne, du capital qui fructifie naturellement : dès l’enfance nous sommes habitués à mettre nos économies dans des tirelires en forme de porcelets… Le cochon n’est peut-être pas très aimable, mais il est utile, il fait tout fructifier, il est la sauvegarde des gens pauvres, de tous ceux qui ont besoin de ne gaspiller aucune de leurs maigres ressources.

Peut-être au fond le cochon nous incite-t-il à l’humilité, à regarder différemment les vertus dont nous avons aujourd’hui le plus besoin. A l’heure où Taiwan rencontre tant de difficultés, où nous cherchons tous quel est le modèle économique et social qui assurera notre avenir, le cochon n’a-t-il pas beaucoup à nous apprendre ? Le cochon est peut-être le symbole même du développement durable auquel nous aspirons. Il consomme moins de ressources qu’il n’en produit. Il ne gâche rien, il recycle tout, il nous incite à l’épargne…. Les « tigres » et les « dragons » économiques ne conviennent plus à notre époque : nous craignons désormais les effets pervers de la consommation ostentatoire, les gaspillages d’énergie, la croissance effrénée, nous voulons une croissance plus adaptée à la limitation de nos ressources, une croissance qui assure l’avenir des générations qui viennent après nous. De ce point de vue, la modestie des trois petits cochons qui bâtissent leur maison et y prennent refuge s’avère bien plus sage que la frénésie du grand méchant loup qui veut croître et grandir en détruisant et dévorant tout sur son passage ! En fin de compte, le modèle de croissance prédatrice incarné par le grand méchant loup n’est pas « soutenable », et le développement symbolisé par les trois petits cochons, est plus durable parce que plus modeste et plus solidaire…

L’avenir de Taiwan dépend de sa capacité à devenir un modèle de développement durable. Dans les années soixante et soixante-dix, Taiwan a donné l’exemple d’un décollage économique réussi. Dans les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix , il a donné l’exemple de la démocratisation en monde chinois et en Extrême-Orient. Il lui revient désormais de créer le modèle d’un développement durable asiatique, qui prenne en compte les dangers induits par le réchauffement climatique ou par la limitation des ressources énergétiques. Nous rappelant l’exemple donné par l’unité des trois petits cochons face au danger apporté par le grand méchant loup, nous nous rappelons aussi qu’il n’y a pas de développement durable sans société solidaire. Oui, vraiment, l’année du cochon est une excellente occasion pour méditer les vertus et la stratégie qui doivent être les nôtres aujourd’hui !

(Texte de Benoît Vermander, rédacteur en chef de eRenlai)

Bonjour


Bonjour, je m’appelle Cerise et j’habite actuellement à Taipei. Au mois de février 2007, j’ai commencé un nouveau job en tant qu’animatrice de réseau du site internet eRenlai.

Ce site a été mis en ligne à la fin de l’année 2006, il a pour vocation d'offrir une plateforme d'échanges et de communications notamment aux personnes se trouvant dans diverses parties de Taiwan, de la Chine, de l'Asie et du monde en général! Le but est d'une part de créer une communauté virtuelle de personnes qui puissent échanger leur savoir-faire notamment dans le domaine humanitaire et le domaine du développement durable (reportages et interviews d'assos ou de personnes qui ont monté un projet humanitaire). D'autre part, le site offre aussi une base de données, d'articles de réflexion plus théorique sur des thèmes tels que le réchauffement de la planète par exemple, ce qui peut également constituer une bonne source de documentation.

Le but de ce blog est principalement de faire découvrir et de partager le contenu de eRenlai car son référencement sur le web n’est pas automatique (le site a été conçu avec « Adobe flash »). J’espère ainsi vous donner envie de visiter le site et peut-être même d’y contribuer !

eRenlai est disponible en chinois traditionnel et en chinois simplifié ainsi qu’en anglais !