eRenlai consacre son focus du mois au thème de la paternité. En chinois, le magazine et le focus ont titré: 父親,不只有背影 , ce qui signifie "Un père n'est pas seulement un dos" (la traduction - de mon crû - n'est sûrement pas la meilleure, mais j'ai voulu garder la dimension involontairement comique de l'histoire).
En effet, le titre chinois fait référence à un texte apparemment incontournable des études secondaires à Taiwan : Dos (背影, voir le texte original en chinois) de Zhu Ziqing (朱自清) (1925). Le narrateur raconte sa relation avec son père qui connait des déboires professionnels et affectifs : jeune garçon puis adolescent, il voit la déchéance financière de son père qui doit payer les funérailles de sa mère et pour cela hypothéquer la maison familiale. Un jour, le fils doit se rendre a Nanjing et le père décide de l'accompagner. S'ensuit une scène poignante durant laquelle le père du narrateur décide d'acheter des fruits pour que son fiston ait de quoi grignoter pendant le trajet. Le narrateur verse alors de chaudes larmes en évoquant la silhouette grassouillette de son père qui doit descendre un parapet pour aller acheter les fruits. Le texte s'achève ensuite sur la décrépitude du père qui devient acariâtre a la fin de sa vie et passe son temps à accabler de reproches son entourage.
Mon chinois n'est peut-être pas assez bon pour saisir toutes les subtilités littéraires du texte (il me faut en effet faire un effort d'imagination assez considérable pour percevoir l'aspect dramatique et poignant de la situation), mais je crois que je peux ressentir ce que tente de décrire le narrateur quand je me réfère à mon expérience personnelle : dire au-revoir a quelqu'un et avoir l'impression que c'est la dernière fois que l'on voit sa silhouette s'éloigner de dos. Ne dit-on pas en français que "partir, c'est mourir un peu"?...
jeudi 13 mars 2008
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1 commentaire:
On a étudié ce texte à Shida avec ma classe, je m'en souviens parce qu'il m'a fait penser à une expérience personnelle.
Un samedi matin avant de partir à l'école,je me suis disputé avec mon père, au moment de partir je ne lui ai pas fait de petit bisou comme j'en avais l'habitude, et je ne me suis pas retourné pour lui faire signe, alors que je savais très bien qu'il se tenait debout derrière la fenêtre à veiller sur moi.
A peine arrivé en cours, j'ai ressenti une profonde tristesse, je ne supportais plus le fait de l'avoir ignoré, de lui avoir (probablement pas, mais à cet instant je le croyais) fait de la peine.
C'est mon père qui m'a vu de dos, mais je suis celui qui en a souffert, qui a caché ses larmes, et qui a ce moment a ressenti une profonde tendresse pour son papa.
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