Depuis que je me suis inscrite à un club de gym, je suis devenue une vraie loque. Trois fois par semaine, je quitte mon bureau et traverse la rue pour me rendre dans un centre sportif portant le nom d'un état ensoleillé des Etats-Unis (dix balles pour celui ou celle qui trouve). On pourrait d'ailleurs s'étendre longuement sur le nom choisi, évocateur de jeunes surfeurs bien balancés, aux dents éclatantes de blancheur pour mieux contraster avec le bronze de leur peau. Mais dès qu'on pénètre dans les lieux, c'est une toute autre chanson qu'ahanent les sportifs en salle: vêtus de leurs plus beaux survêts, ils s'acharnent sur des machines électroniques qui affichent des coeurs, des losanges et des rythmes cardiaques. C'est la foire à la montre, à qui arbore les plus gros biceps et les plus larges auréoles de sueur. C'est la souffrance et l'effort qui font la loi et moi-même j'avoue m'être prise au jeu bien que je n'aie pas -encore- poussé le vice à m'affubler de la tenue complète : je n'ai ni les baskets de marque, ni les petits gants pour soulever les haltères. Etant nouvellement inscrite, on m'a, par contre, gentiment accolé un " personal trainer" qui essaye à tout prix de me motiver à acheter des séances d'entrainement privé. Après m'avoir longuement expliqué que je j'ai du gras partout et du muscle nulle part, mon "personal trainer" met mon petit corps chétif à rude épreuve et voilà trois jours que j'essaye de m'en remettre, la seule position qui ne fait pas souffrir quand je suis debout étant celle du golfeur constipé, à savoir : le dos légèrement voûté et les fesses en arrière... Fort heureusement, je ne sens presque rien quand je suis assise à mon bureau devant mon écran d'ordinateur, je suis donc toujours apte au travail.
"Le travail, c'est la santé", comme chantait l'autre, "rien faire c'est la conserver, les prisonniers du boulot font pas de vieux os..." (Henri Salvador)
Je signale à ce sujet un petit article posté sur le site http://china-crossroads.com/ : Why China’s Economic Rise is Unhealthy, (Pourquoi l'essor économique de la Chine nuit à la santé) dans lequel l'auteur évoque brièvement les heures de travail et le rythme de vie frénétique auxquels sont astreints les cols blancs en Asie, expats compris. 80 à 100 heures de travail par semaine arrosées d'une bonne dose de café, d'alcool et de tabac car l'on se détend le soir et le week-end dans les boîtes, lounge bars et karaokés... Et pour se déculpabiliser de tous ces excès, on finit ensuite la semaine par une petite séance de tapis roulant! Pour ma part, mon club de gym aura eu ma peau, je ne suis plus bonne à rien ces temps-ci, j'ai même récemment abdiqué devant mes courbatures, refusant de boire une bière avec des amis pour rentrer chez moi m'affaler sur mon canapé et regarder des jeux télévisés japonais...
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Aurélie Kernaléguen (auteure de la photo) a réalisé l'interview d'un adepte du body building à Taiwan:
Le sport, le sang et la sueur (je m'exprime en vrac sur les joueurs de rugby français, le football féminin à Zanzibar)
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